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jeudi 4 octobre 2012

Un lac à sec ....


Les habitants du quartier des Chanterelles sont très attachés au lac des Chanterelles et à son environnement, bordé de bois, calme et familial où les marcheurs croisent les pêcheurs et les enfants qui jettent du pain aux canards. Les riverains ont toujours privilégié l'aspect naturel, lors de l'installation du transformateur EdF, d'un projet de terrain de bicross ou d'aménagement d'allées, et ils n'ont jamais hésité à se retrousser les manches pour quelque nettoyage du lac ou sauver les dernières carpes. Tout aurait pu rester en l'état, si le niveau du lac n'avait cessé de baisser depuis les années 2005 pour se retrouver totalement à sec cet été, donnant l'impression d'être dans le Sahel.
De nombreuses rumeurs circulent sur les causes de cet assèchement : l'eau du réseau pluvial alimentant le lac aurait été détournée lors de la réalisation du lotissement des Pradelets, la municipalité assèche le lac pour pouvoir faire des lotissements, ceux qui ont des puits aggravent la situation en pompant l'eau de la nappe, ...

Eau détournée ? FAUX
Le lac des Chanterelles a été créé avec le lotissement des Chanterelles à la fin des années 70, pour recevoir les eaux de pluies des trois rues du lotissement et servir de bassin de rétention. Sa superficie de près d'un hectare peut paraître importante, mais elle est justifiée par la faible perméabilité des terrains pour permettre à l'eau de s'infiltrer dans la nappe phréatique, la hauteur d'eau du lac étant donc liée au niveau de la nappe.
Trois buses amènent l'eau au lac. Il n'y a pas d'exutoire, parce que le niveau du lac est plus bas que le grand fossé près des Pradelets, qui collecte le secteur des Saphirs et de l'avenue du Corail.

Les puits ?
L'eau pompée dans les puits au voisinage du lac ne retourne qu'en faible partie à la nappe, car l'évapotranspiration en été est de plusieurs millimètres par jour. S'ils contribuent au déficit, notons que ces puits, qui devraient être déclarés, sont pour la plupart antérieurs à la baisse de niveau du lac. Un facteur surement plus important tient à l'urbanisation progressive de tout le secteur, à l'imperméabilisation des sols qui en résulte et la collecte de l'eau de pluie renvoyée soit à la Marcaissonne ou à l'Hers, qui réduit les apports d'eau à la nappe.

Des projets de lotissements à la place du lac ? FAUX
Si tout le secteur des Chanterelles est déjà classé en zone N (N pour zone naturelle) ; dans le projet de Plan Local d'Urbanisme qui est finalisé et va être soumis à enquête publique, l'ensemble des bois du secteur, publics ou privés, sont classés Espaces Boisés Classés, ce qui empêchera toute opération immobilière sur ces espaces. Les écologistes ont fortement agi dans l'équipe municipale pour assurer ainsi une protection maximale.
La délibération du conseil communautaire du Toulouse Métropole, adoptée en juin dernier, suite à la concertation sur la révision en cours du PLU, conforte cette volonté de protection : « Le lac des Chanterelles fait partie de la Trame Verte et Bleue1 à valoriser ».

Pourquoi le lac de Labège est-il en eau alors que celui des Chanterelles est à sec?
Le lac de Labège-Innopole est situé très près de l'Hers, son altitude est 8 m plus basse que celle des Chanterelles. Il est aussi connecté à la nappe phréatique et a plus de 5m de profondeur.

Quelle est la cause de l'assèchement du lac ?
L'année 2011 a été l'une des dix années les plus sèches depuis cinquante ans, et 2012 lui ressemble fortement. La pluviométrie à Toulouse, depuis 1975, montre bien une tendance à la baisse des précipitations (la moyenne sur 30 ans, de 1970 à 2000, est de 668 mm/an). La pluviométrie et le niveau des nappes phréatiques sont fortement liées et le déficit pluviométrique des dernières années peut expliquer l'assèchement du lac. Nous commençons de fait à constater les effets des changements climatiques, dus à l'activité humaine, les météorologues nous prédisant le climat de Cordoue en 2100, si nous n'agissons pas rapidement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Pluviométrie à Toulouse (mm) (1975-sept 2012)


Niveau de la nappe phréatique de la Garonne (2000- oct2012)
(nous ne disposons pas de données continues pour la nappe de l'Hers)



Quelles solutions apporter ?
Une solution d'apport supplémentaire d'eau est possible : le réseau de collecte des eaux entre la route de Revel, la route de Lalande et l'avenue des Améthystes est sous-dimensionné en cas de forte pluie. La Communauté Urbaine compétente en matière d'eaux pluviales a fait étudier plusieurs solutions techniques : la moins couteuse consiste à stocker une partie des eaux dans des bassins situés dans la coulée verte sous les lignes THT. Un complément à l'étude a permis de chiffrer le surcoût du renvoi de cette eau, par des noues2 sur la coulée verte puis par une buse vers le lac : 140 000 € environ. Si cette solution résout les problèmes d'écoulement, elle ne garantit pas, malgré un apport d'eau supplémentaire, que le lac soit toujours rempli ; en effet, si une forte pluie décennale fait remonter d'un mètre le niveau du lac, la perméabilité des terrains absorbe cette eau en une dizaine de jours selon les hydrologues. Une solution pourrait consister à étanchéifier tout ou partie du fond du bassin, avec dans ce cas la nécessité d'un exutoire, solution qui est à chiffrer.
Nous dépendons actuellement du niveau de la nappe (ses variations sont de l'ordre d'un mètre sur l'année), mais si le niveau de la nappe est bas et inférieur à celui du fond du lac, il n'y a plus d'eau !
D'autres facteurs sont également à prendre en compte au niveau environnemental, un bassin de collecte plus important signifie un risque de pollution plus important et plus de matières en suspension et donc des besoins de curage du lac plus fréquent.

Quelle est la position des écologistes ?
Les écologistes et leurs élus considèrent ce dossier comme prioritaire et recherchent toutes les solutions viables permettant de maintenir le lac en eau, pour préserver l'ensemble de ce poumon vert que représente l'espace naturel des Chanterelles. Nous agissons pour une gestion plus écologique des espaces verts, pour améliorer la biodiversité, en nous appuyant sur l'expertise d'associations naturalistes.

1 Les Trames vertes et bleues sont des continuités écologiques, reliant des réservoirs de biodiversité.
2 Noue : fossés à faibles pentes

mardi 2 octobre 2012

Histoire de trames

Nous vous avions parlé de tram', changeons de sujet et intéressons nous aux trames !

La Terre a connu plusieurs extinctions massives d'espèces, la dernière qui se déroule sous nos yeux est due à l'homme, qui détruit de nombreux écosystèmes ou prélève des ressources ne permettant plus le renouvellement des stocks.
L'urbanisation qui s'étend concourt à cette fragilisation des zones naturelles riches en biodiversité, sans parler de l'impact des pratiques de l'agriculture intensive. Car même si les documents d'urbanisme prévoient d'économiser l'espace, en réduisant de moitié les terres consommées chaque année, l'extension de la métropole continue. Nous en avons l'exemple avec la création proposée par les élus et approuvée par la Préfecture d'une Zone d'Aménagement Différée (ZAD) sur l'Albiges, au nord Est de Catala.
Nous agissons donc bien souvent à contre courant pour sauver ce qui peut encore l'être.

En effet, s'il paraît louable de préserver tel bois ou espace vert en milieu urbain, cette protection peut être dérisoire pour certaines espèces qui se retrouvent isolées et ne participent plus au brassage génétique indispensable à la vie et à son adaptation aux différents milieux.
Après des années de protection de parcs naturels, de zones riches en espèces diverses, les naturalistes ont constaté qu'il était nécessaire d'éviter l'isolement de ces réserves en favorisant le déplacement des espèces. Si les oiseaux sont peu gênés par les aménagements routiers, ferroviaires, urbains, il n'en est pas de même pour les petits mammifères, amphibiens, insectes ou poissons, ...

Des Schémas Régionaux de Continuités Écologiques doivent définir des "trames vertes et bleues" (bleues pour les rivières), permettant le déplacement des espèces propres aux différents milieux naturels en s'assurant de leur fonctionnalités, celui de Midi-Pyrénées est en cours d'élaboration.
A nous de le décliner au niveau local, dans un milieu périurbain où les obstacles ne manquent pas (routes à fort trafic, clôtures de propriété étanches, éclairage public, ... 

Plusieurs actions ont été initiées sur la commune :
- maintien de cheminements bordés de haies dans la ZAC du Tucard et règlement adapté à l'intention des promoteurs,  projet de parc urbain devant assurer une continuité écologique entre le bois de Tachou et la Marcaissonne ;
- gestion du bois du Bousquet, pour maintenir des zones refuges pour les espèces présentes ;
- mise en place d'une gestion écologique des espaces verts pour permettre à des espèces, telles les orchidées d'arriver à maturité et de se reproduire, sans être fauchées précocement ;
- réintroduction de plantes messicoles, plantes associées aux cultures céréalières telles les coquelicots, les bleuet, dans la vallée de la Marcaissonne.
Une liste non exhaustive loin de là.
Ces actions ont justifié l'attribution d'un prix "Capitale de la biodiversité".

Mais que tramez-vous ?
Dans la suite de ces actions, nous étudions sur la commune comment fonctionnent les continuités écologiques, ces fameuses "trames" identifiées sur la commune et que le Grenelle de l'Environnement oblige maintenant à faire figurer dans les documents du Plan Local d'Urbanisme.
S'il est relativement facile de dessiner des continuités écologiques sur une carte, il est beaucoup moins facile de prédire l'espérance de survie d'un hérisson partant d'un point A et voulant rejoindre un point B, et devant par exemple traverser la route de Revel ou la future déviation de St-Orens !
Suite à un appel à projet du ministère de l'environnement, le projet de la commune a été retenu, avec un soutien financier de 50%.
Nous espérons que les outils développés dans ce cadre permettront les aménagements ou préconisations permettant de faciliter la circulation des espèces pour plus de biodiversité et aider ainsi à réintroduire la nature en ville.