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dimanche 1 novembre 2015

Transports dans le Sud-Est : faire et défaire, l'art de la politique ?

On peut s'interroger sur la volonté de certains élus politiques de résoudre les difficultés de transports dans le Sud-Est toulousain !

L'histoire du projet de prolongement de la ligne B (PLB) du métro est un bon exemple pour illustrer ce propos.

Rappelons tout d'abord que la ville centre de l'agglomération avait réduit la mise en place de lignes de métro aux limites communales. Ce projet de prolongement de la ligne B a subi de nombreuses vicissitudes, notamment sur des choix techniques, et dus également à des revirements d'élus quant à leur choix initiaux :
- le maire PS de Ramonville Pierre Cohen, une fois élu à la tête de l'agglomération toulousaine, est revenu sur sa position initiale de prolongement du métro en métro. Cette solution, la plus intelligente et qui avait déjà été adoptée pour le prolongement de la ligne A de Jolimont à Balma, évite un changement de mode de transport, avec la perte de temps et l'effet dissuasif qu'elle entraîne quant à l'utilisation des transports en commun. Une solution bâtarde de bus en site propre a été proposée, par le Syndicat Mixte des Transports en Commun, contrôlé par Pierre Cohen, et également soutenue par le maire de St-Orens, Christian Sempé . L'action du Sicoval a permis, après d’âpres négociations de revenir au choix du prolongement en métro : le Sicoval s'engageant à supporter le surcoût lié à cette solution.
L'étude du projet a pu reprendre pour se conclure par l'enquête publique portant sur les aspects financiers, techniques, environnementaux. Les commissaires enquêteurs ont rendu leur rapport mi-septembre, par un avis favorable avec des réserves.

Voici l'avis en question extrait de Conclusions et avis de la commission d'enquête, dans lequel vous pourrez lire les réserves et recommandations qui sont faites p.19 à 21 :

"La commission d’enquête constate que ce projet, porté par le SMTC en charge du développement des transports en commun de l'agglomération, est en cohérence avec les objectifs visés par la législation sur les transports de voyageurs, consécutive au Grenelle de l'environnement et qu’il est conforme au PDU opposable. Il répond en outre au contrat d’axe n°9 mis en œuvre dans le cadre du SCOT et devrait contribuer à assurer une cohérence entre développement de l’urbanisation et desserte en transports en commun.

L’enquête publique a révélé un fort soutien du public au projet dans la zone concernée.

La commission d’enquête considère que ce projet malgré certains inconvénients, notamment les nuisances induites par le choix du métro aérien, les expropriations nécessaires à sa réalisation, le coût du projet et son financement, présente toutefois des avantages certains, comme l’amélioration de la desserte de Labège, la dynamisation du développement économique du secteur, la réduction du trafic automobile à la mise en service du projet, une réduction de la pollution atmosphérique induite, et enfin un gain de temps pour les usagers.

La commission décide, en toute indépendance et à la majorité de ses membres, de donner un AVIS FAVORABLE à la déclaration d’utilité publique des travaux nécessaires à la réalisation au projet de prolongement de la ligne B du métro jusqu’à Labège, sous les réserves suivantes, qui, selon elle, devraient être levées avant l’éventuelle Déclaration d’Utilité Publique."

L'ensemble des rapports et annexes est disponible sur le site de la préfecture de la Haute-Garonne.

On pouvait donc penser que le projet était enfin sur les rails, après avoir levé certaines des réserves émises,  que le appels d'offres pouvaient être lancés, les travaux engagés pour une ouverture de la ligne en 2021.

Mais non, vous rêvez ! Entre temps Jean-Luc Moudenc (LR) a remplacé P.Cohen en 2014 à la mairie de Toulouse et ce même J-L Moudenc qui était au début favorable au PLB, a proposé dans son programme électoral une 3e ligne de métro. Le fait pour lui de s'opposer à la réalisation du PLB a deux avantages : récupérer les fonds qu'aurait du verser le SMTC et favoriser la ville centre dans le cadre de la compétition économique entre les différents territoires de l'agglomération toulousaine. En effet l'installation d'une entreprise sur l'une des communautés de commune entraîne des recettes fiscales non négligeables.

Jean-Michel Lattes, président du SMTC (LR), met en avant le fait que cette 3e ligne de métro serait réalisée en 2024, 2 ans seulement après l'ouverture du PLB. Il faut être bien crédule pour croire que ce projet puisse être réalisé à cette date, car on n'en est qu'à la définition de fuseaux de tracé, que ce projet n'est pas financé (or il faut réunir différents partenaires : état, région, département, agglo, dans une période de restrictions budgétaires), que son coût parait nettement sous estimé.

La position de l'équipe municipale de St-Orens est d'un suivisme aveugle derrière J-L.Moudenc, concernant ce projet. Si D. Faure, le maire, affirme en public être pour le métro à Labège, se dire pragmatique, "ne pas vouloir rentrer dans le débat politique" (sic), l'équipe majoritaire soutient J-L Moudenc dans son choix de la 3e ligne de métro au détriment du PLB, par son représentant au sein du SMTC.

Nous considérons, nous écologistes, et nous sommes constants dans notre position depuis le début, que le prolongement de la ligne B est utile pour une partie des St-Orennais, notamment ceux habitant au sud de la commune, de par la faible distance vis à vis des stations de métro envisagées. Nous avons demandé lors de l'enquête publique que des rabattements soient prévus pour faciliter leur accès, par navette, pistes cyclables et aménagement de parking relais.


Ne pas réaliser le prolongement de la ligne B serait un gâchis en terme financier (le coût de l'ensemble des études), une perte de temps supplémentaire pour solutionner nos difficultés pour nous déplacer dans le Sud-Est.