Le dernier conseil municipal du 30 septembre 2014 a eu à se prononcer sur le "principe" de l'installation de caméras, pour contribuer (sic) "à la sécurité routière et à la lutte contre la délinquance".
Notons tout d'abord un étrange mélange de genre entre les objectifs de sécurité routière et de lutte contre la délinquance.
Pour assurer la sécurité routière, la vidéosurveillance nous paraît inadaptée, sauf dans le cas de caméras d'identification de numéros d'immatriculation permettant de verbaliser le conducteur brûlant un feu rouge. Les efforts d'aménagements pour sécuriser la circulation des piétons et des cyclistes, le développement des zones 30 dans les quartiers, les contrôle de vitesse sont à privilégier en matière de sécurité routière.
Concernant la question de la délinquance, nous nous étonnons de l'absence de présentation aux conseillers municipaux d'un état de la délinquance à St-Orens, par type de délit, son évolution dans le temps, la localisation et l'efficacité des services de police et de gendarmerie. Cela aurait permis de savoir si la mise en place de caméras est adapté ou non.
La nouvelle équipe municipale affirme répondre à l'attente de la population (référence à un sondage d'origine non précisée). Nous avons recherché les sources possibles : en 2008, selon l'Institut Ipsos, 78 pour cent des personnes interrogées sont « très favorables » ou « favorables » au développement de la vidéosurveillance. Cela dit, si on leur donne le choix, les sondés préfèrent avoir des policiers dans la rue plutôt que des caméras. (Source : la revue Pour la Science N°394 - )
Le seul argument motivant la décision se résume à : "les gens se sentent en insécurité, ils demandent des caméras, donc on leur en offre". Comment d’ailleurs le sait-on, puisqu’il n’y a eu ni sondage, ni référendum à St-Orens ? À Lyon où on a procédé à une réelle enquête concernant l’attente des habitants, la vidéosurveillance vient bien derrière le désir de présence policière, de propreté, de stationnement, de sécurité routière, de prévention, d’éclairage public, de lutte contre le bruit.
La question de l'efficacité de la méthode n'est pas abordée, alors qu'on a du recul sur la mise en place de tels dispositifs, et que les critiques sont nombreuses concernant le rapport coût/efficacité :
"Le rapport cinglant de la Cour des comptes, publié le 7 juillet 2011, [...] fustige « l’absence d’étude d’impact fiable » pour la très coûteuse vidéosurveillance de voie publique." dans La Gazette des Communes.
Les sénateurs s'y sont intéressés à plusieurs reprises :
Le rapport du Sénat "La vidéosurveillance : pour un nouvel encadrement juridique" de décembre 2008 affirme : « Paradoxalement, la question de l’efficacité de la vidéosurveillance qui devrait pourtant être un préalable nécessaire n’a toujours pas été tranchée. Les études disponibles semblent indiquer que la vidéo surveillance n’a qu’un faible impact sur la délinquance dans les espaces complexes et étendus ».
Un nouveau rapport sénatorial de 2013 conclut qu'aucune étude scientifique indépendante n'avait « pour l'instant apporté la démonstration de l'efficacité » de la vidéosurveillance - que ce soit en France ou à l’étranger - et appelle à l’adoption d’un moratoire relatif aux investissements portant sur ce type de dispositifs, dont le coût est jugé « particulièrement élevé ». cf http://www2.senat.fr/rap/r13-091/r13-0911.pdf
D'autres études récentes concluent de la même façon :
Vidéosurveillance en Europe: très chère et peu efficace cf http://fr.myeurop.info/2013/ 10/30/vid-osurveillance-en- europe-tr-s-ch-re-et-peu- efficace-12503
La videosurveillance de Jean-Jacques Urvoas : http://www.uesr29.fr/IMG/pdf/ Intervention_de_JJ_URVOAS_sur_ la_video_surveillance_compte_ rendu_.pdf
La vidéosurveillance réduit-elle la délinquance ? Pour la Science n° 394 août 2010
La nécessite de mise en place d'un réseau de vidéosurveillance interroge alors que le dispositif d'animateurs de rue, qui mène un travail de prévention, est dit être efficace dans une des autres délibérations soumises à l'avis du Conseil Municipal.
Nous nous interrogeons : la nouvelle équipe municipale, sur ce dossier, agit-elle par mimétisme comme la nouvelle équipe municipale de Toulouse et les autres municipalités gérées par la droite, pour des raisons qui apparaissent éminemment idéologiques ?
La nouvelle majorité municipale assure vouloir faire preuve de pragmatisme. Le pragmatisme sur ce dossier consisterait à reprendre le diagnostic réalisé dans le cadre du Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) et d'analyser l'efficacité des actions engagées (26 actions doivent être mises en œuvre sur la période 2013-2016).
Nous avons proposé que la décision de mise en place de la vidéosurveillance soit reportée et qu'un réel débat public est lieu préalablement, avec un état des lieux et un comparatif des différentes méthodes de prévention et de lutte contre la délinquance, grâce notamment aux premiers travaux menés dans le cadre du CLSPD.
Nous avons proposé qu'il y ait une consultation publique de la population et pourquoi pas un référendum sur le choix des méthodes de prévention de la délinquance.
Dans le cadre des débats lors de l'élaboration du CLSPD, nous avions proposé de faire chaque année à la population un point objectif sur les aspects sécurité des personnes et des biens à St-Orens, sur les actions et l'efficacité de la police municipale et de la gendarmerie.
Une telle présentation aux habitants de notre commune serait un bon moyen de lutter contre les rumeurs et le sentiment d'insécurité et permettrait d'initier un réel débat démocratique sur les solutions les mieux adaptées pour assurer la tranquillité publique..
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire