L'Amicale Laïque a fêté ses trente ans d'existence,
dans une relation avec la municipalité qui a permis de mettre en
place des services diversifiés dans tous les domaines des activités
périscolaires, très satisfaisants au vu des retours d'enquêtes
effectués aussi bien par l'Amicale Laïque qu'indépendamment par la
municipalité.
Photo La Dépêche 1 juillet 2016
La relation entre la
municipalité et l'Amicale Laïque
est définie par une convention tri-annuelle (2014-2017) d'objectifs
pour mettre en œuvre le Projet Éducatif de Territoire (PEDT) :
- Mettre en œuvre une
démarche de projet participatif et concerté avec les différents
acteurs de l’éducation notamment municipaux et institutionnels.
- Contribuer à l’épanouissement et à l’autonomisation de
l’ensemble de la jeunesse au regard de ses désirs et de ses
besoins en passant d’une approche individuelle à une démarche
collective.
Alors pourquoi
vouloir changer le mode de relation existant, s'il est considéré
comme étant satisfaisant ?
Le principal motif avancé par la municipalité serait
exclusivement technique et tiendrait à la fragilité juridique de la
convention actuelle.
Les seuls éléments apportés sur le point sont listés dans le
compte rendu de la réunion du 9 février 2016. Les mêmes arguments
ont été repris lors de l'entrevue qu'Isabelle Capelle et moi-même
avons eu avec Mme le Maire, Mme Laffon et Mr Derrien le 13 mai
dernier.
Avant d'aborder ces
différents arguments, une première précision pour éviter toute
confusion : Mr Gusse, Directeur Général des Servies (DGS), lors de
la réunion de février, avait signalé qu' « un
administré avait saisi le Préfet en 2011 au sujet de la conformité
de la convention pluriannuelle, et le Préfet avait adressé des
courriers à la collectivité demandant des explications quant aux
modalités du partenariat entre la Ville et la collectivité. Un
nouveau recours »,
selon lui, « exposerait
la collectivité au risque évoqué précédemment de requalification
de cette convention »1.
Le courrier de cet administré concernait la convention de 1997 et
le préfet n’avait pas donné suite à la demande de l’administré.
Venons
en aux arguments
sur la fragilité de la convention actuelle :
1) « L’Amicale
Laïque propose un service d’animation pour la jeunesse, ce qui est
une activité économique relevant du champ concurrentiel selon la
nomenclature européenne des marchés publics CPV ». « Nous
avons de très sérieux doutes quant au fait que l’activité mise
en œuvre puisse, en cas de recours auprès du Tribunal
Administratif, être considérée comme un service public. »1
FAUX :
Le code CPV a été mis en place, au niveau européen. Il s'agit d'un
système de classification pour les marchés publics de l'Union
Européenne obligatoire depuis 2006. Il
vise à standardiser les références utilisées pour décrire
l'objet d'un marché et de permettre aux entreprises de repérer les
appels d’offres qui les concernent. Il n’a rien à voir avec la
notion de service public qui est une activité d’intérêt général
prise en charge par une personne publique, soit directement, soit par
une personne privée contrôlée par une personne publique par le
biais d’un marché public ou d’une délégation de service
public.
Ce
qui compte par
ailleurs pour
définir un marché
public,
c'est l'objet du contrat, son objectif, son mode de financement mais
absolument pas la nomenclature CPV. Le fait que les activités de
l'Amicale Laïque soient identifiées comme faisant partie du champ
concurrentiel n'impacte pas la situation de l'Amicale dans la mesure
où c'est une activité portée par l'Amicale et non par la commune.
C'est elle qui en est à l'initiative et qui la gère en autonomie,
la commune la finançant en partie via une subvention dont elle contrôle l'usage. La municipalité n'est pas le maître d'ouvrage,
même si elle participe via ses élus présents au sein du conseil
d'administration au bon fonctionnement de l'association.
2) « Les
contradictions entre la nomenclature CPV et la circulaire
ministérielle quant à la nature de l’action mise en œuvre par
l’AL fragilisent le mode de fonctionnement actuel et présentent le
risque que la convention pluriannuelle d’objectifs soit reclassée
en marché public, en particulier au moment de la renouveler. Pour
cette raison, ce type de partenariat subsiste dans très peu de
communes »1
FAUX
: Peut-être que peu de communes de fait ont mis en place des SIEG
pour la gestion des activités scolaires, mais on ne peut affirmer
pour autant que les conventions mises en place soient plus fragiles,.
Tout dépend en réalité de l’histoire de chaque collectivité car
ce montage ne vaut que si c’est bien une association qui est à
l’origine du projet et le porte.
Ces conventions ont été validées par le contrôle de légalité
assuré par les préfectures.
Elles sont par ailleurs encouragées par le gouvernement comme en
témoigne les circulaires de 2011 et 2015.
3) A
l'argument de Mr Pontier, directeur de l'Amicale Laïque sur le fait
que « La
convention signée en 2014 s’appuie sur une circulaire
ministérielle relative aux relations financières entre les
collectivités publiques et les associations, datée de 2011 et mise
à jour en septembre 2015, qui permet un tel partenariat pour la mise
en œuvre par une association d’un Service Économique d’IntérêtGénéral (SIEG). »1
Mr Gusse affirme qu' « une
circulaire ministérielle n’a pas le même caractère qu’une Loi
ou un Décret. »1.
Cet argument est particulièrement spécieux ! Bien sur
qu'une circulaire n'a pas la même valeur juridique qu'une loi ou
qu'un décret, car c'est simplement ici un texte élaboré par les
services du premier ministre expliquant comment mettre en œuvre la
législation européenne, qui s'impose à tous les états membres.
Suite à cette analyse, on ne
peut que conclure que les
argument invoqués pour justifier d'une fragilité juridique n'ont
pas de valeur. Et si
fragilité il y avait, il serait tout à fait possible de renforcer
le contenu de la nouvelle convention, à partir des délibérations
concernant des SIEG adoptées dans d'autres collectivités.
Je m'interroge donc à
nouveau sur les motifs
réels qui amènent
la municipalité à passer d'une convention partenariale à une
Délégation de Service Public.
Je n'ai que deux explications possibles :
- soit
il y a eu incompétence technique dans l'examen de ce dossier,
conduisant les élus à faire le choix de la DSP en toute bonne foi,
- soit
on a voulu influencer la décision des élus et des membres du CA de
l'Amicale Laïque avec des arguments tirés par les cheveux, pour
justifier a posteriori un choix déjà fait pour des raisons tout
autres que juridiques !
Un
élément nouveau
a toutefois été apporté lors de la réunion du 13 mai, par Mme le
Maire qui nous a indiqué que «
le
passage par une DSP permettrait que la logique partenariale se trouve
renforcée »,
car «
actuellement
le lien partenarial, la co-construction avec les élus au sein du CA
ne fonctionnent pas».
Nouveau représentant de la municipalité dans cette instance, je n'ai pu juger
de la pertinence de ce nouvel argument. Si cela devait être le seul
reproche fait sur le fonctionnement de l'Amicale Laïque, pourquoi n'a-t-on pas cherché à y remédier ?
Le passage d'une
convention à une DSP ou à un marché public
modifie très fortement la relation partenariale entre la
municipalité et l'Amicale Laïque :
Avec une DSP
ou un marché public, il n'y a pas de partenariat, dans la mesure où
le cahier des charges fixe les prestations que le prestataire doit
assurer. En cas de non respect du cahier des charges, le prestataire
commet une faute permettant
à la
municipalité de résilier le
contrat
ou dans certains cas lui
permettant de prononcer l'exécution
du contrat
aux frais et risques du prestataire. Il importe d'être vigilant sur
ce point, car cela peut avoir des conséquence financières
importantes, surtout pour une association locale.
On passe de
fait dans une relation maître d'ouvrage/prestataire,
où la municipalité contrôle les actions de l'Amicale Laïque.
Dans le cas
où un marché public
ou une DSP est préférée à une convention, les élus de la
municipalité ne peuvent plus être membres du conseil
d'administration, ce qui de mon point de vue met à mal la
possibilité de co-construire un projet consensuel, et surtout de le
faire vivre, avec les représentants des parents et des enseignants.
Un autre
point important concerne l'adhésion
des parents à la nouvelle structure,
contrairement à ce qu'a affirmé Mr Gusse, il est impossible
d'obliger des parents à adhérer à une association pour bénéficier
d'un service public pris en charge par une commune et exécuté par
un prestataire qu'il soit lié à la commune par un marché public ou
une DSP. En effet tout citoyen est libre ou non d'adhérer à une
association, c'est gravé dans la
loi et la jurisprudence
constitutionnelle
! Cela va forcément changer les liens avec les parents qui ne seront
plus tenus d'adhérer à l'Amicale Laïque pour bénéficier du
service et donc, là encore, risque de réduire les liens entre les
différents partenaires.
Je dois aussi
constater que la proposition que j'avais faite de mieux étudier les
Services d'Intérêt Economique Général, pour conserver le principe
de la convention entre la municipalité et l'Amicale Laïque n'a pas
été étudiée sérieusement pas plus que les éventuelles
faiblesses de la convention actuelle. Aucun élément sérieux n'a
été apporté sur ces deux points.
1 Compte
rendu Réunion ville – Amicale Laïque du mardi 9 février 2016
1 Compte
rendu Réunion ville – Amicale Laïque du mardi 9 février 2016
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire