Les habitants du quartier
des Chanterelles sont très attachés au lac des Chanterelles et à
son environnement, bordé de bois, calme et familial où les
marcheurs croisent les pêcheurs et les
enfants qui jettent du pain aux canards. Les riverains ont toujours
privilégié l'aspect naturel, lors de l'installation du
transformateur EdF, d'un projet de terrain de bicross ou
d'aménagement d'allées, et ils n'ont jamais hésité à se
retrousser les manches pour quelque nettoyage du lac ou sauver les
dernières carpes. Tout aurait pu rester en l'état, si le niveau du
lac n'avait cessé de baisser depuis les années 2005 pour se
retrouver totalement à sec cet été, donnant l'impression d'être dans le Sahel.
De nombreuses rumeurs
circulent sur les causes de cet assèchement : l'eau du réseau
pluvial alimentant le lac aurait été détournée lors de la
réalisation du lotissement des Pradelets, la municipalité assèche
le lac pour pouvoir faire des lotissements, ceux qui ont des puits
aggravent la situation en pompant l'eau de la nappe, ...
Eau détournée ? FAUX
Le lac des Chanterelles a
été créé avec le lotissement des Chanterelles à la fin des
années 70, pour recevoir les eaux de pluies des trois rues du
lotissement et servir de bassin de rétention. Sa superficie de près
d'un hectare peut paraître importante, mais elle est justifiée par
la faible perméabilité des terrains pour permettre à l'eau de
s'infiltrer dans la nappe phréatique, la hauteur d'eau du lac étant
donc liée au niveau de la nappe.
Trois buses amènent
l'eau au lac. Il n'y a pas d'exutoire, parce que le niveau du lac est
plus bas que le grand fossé près des Pradelets, qui collecte le
secteur des Saphirs et de l'avenue du Corail.
Les puits ?
L'eau pompée dans les
puits au voisinage du lac ne retourne qu'en faible partie à la
nappe, car l'évapotranspiration en été est de plusieurs
millimètres par jour. S'ils contribuent au déficit, notons que ces
puits, qui devraient être déclarés, sont pour la plupart
antérieurs à la baisse de niveau du lac. Un facteur surement plus
important tient à l'urbanisation progressive de tout le secteur, à
l'imperméabilisation des sols qui en résulte et la collecte de
l'eau de pluie renvoyée soit à la Marcaissonne ou à l'Hers, qui
réduit les apports d'eau à la nappe.
Des projets de
lotissements à la place du lac ? FAUX
Si tout le secteur des
Chanterelles est déjà classé en zone N (N pour
zone naturelle) ; dans le projet de Plan Local d'Urbanisme qui
est finalisé et va être soumis à enquête publique, l'ensemble des
bois du secteur, publics ou privés, sont classés Espaces Boisés
Classés, ce qui empêchera toute opération immobilière
sur ces espaces. Les écologistes ont fortement agi dans l'équipe
municipale pour assurer ainsi une protection maximale.
La délibération du
conseil communautaire du Toulouse Métropole,
adoptée en juin dernier, suite à la concertation sur la
révision en cours du PLU, conforte cette volonté de protection :
« Le lac des Chanterelles fait partie de la Trame Verte et
Bleue1
à valoriser ».
Pourquoi le lac de
Labège est-il en eau alors que celui des Chanterelles est à sec?
Le lac de Labège-Innopole
est situé très près de l'Hers, son altitude est 8 m plus basse
que celle des Chanterelles. Il est aussi connecté à la nappe
phréatique et a plus de 5m de profondeur.
Quelle est la cause de
l'assèchement du lac ?
L'année 2011 a été
l'une des dix années les plus sèches depuis cinquante ans, et 2012
lui ressemble fortement. La pluviométrie à Toulouse, depuis 1975,
montre bien une tendance à la baisse des précipitations (la moyenne
sur 30 ans, de 1970 à 2000, est de 668
mm/an). La pluviométrie et le niveau des nappes phréatiques
sont fortement liées et le déficit pluviométrique des dernières
années peut expliquer l'assèchement du lac. Nous commençons de
fait à constater les effets des changements climatiques, dus à
l'activité humaine, les météorologues nous prédisant le climat de
Cordoue en 2100, si nous n'agissons pas rapidement
pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Pluviométrie
à Toulouse (mm) (1975-sept 2012)
Niveau de la nappe phréatique de la Garonne (2000- oct2012)
(nous ne disposons pas de données continues pour la nappe de l'Hers)
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Quelles solutions
apporter ?
Une solution d'apport
supplémentaire d'eau est possible : le réseau de collecte des eaux
entre la route de Revel, la route de Lalande et l'avenue des
Améthystes est sous-dimensionné en cas de forte pluie. La
Communauté Urbaine compétente en matière d'eaux pluviales a
fait étudier plusieurs solutions techniques : la moins couteuse
consiste à stocker une partie des eaux dans des bassins situés dans
la coulée verte sous les lignes THT. Un complément à l'étude a
permis de chiffrer le surcoût du renvoi de cette eau, par des noues2
sur la coulée verte puis par une buse vers le lac : 140 000 €
environ. Si cette solution résout les problèmes d'écoulement, elle
ne garantit pas, malgré un apport d'eau supplémentaire, que le lac
soit toujours rempli ; en effet, si une forte pluie décennale fait
remonter d'un mètre le niveau du lac, la perméabilité des terrains
absorbe cette eau en une dizaine de jours selon les hydrologues. Une
solution pourrait consister à étanchéifier tout ou partie du fond
du bassin, avec dans ce cas la nécessité d'un exutoire, solution
qui est à chiffrer.
Nous dépendons
actuellement du niveau de la nappe (ses variations sont de l'ordre
d'un mètre sur l'année), mais si le niveau de
la nappe est bas et inférieur à celui du fond du lac, il n'y a
plus d'eau !
D'autres
facteurs sont également à prendre en compte au niveau
environnemental, un bassin de collecte plus important signifie un
risque de pollution plus important et plus de matières en
suspension et donc des besoins de curage du lac plus fréquent.
Quelle est la position
des écologistes ?
Les écologistes et leurs
élus considèrent ce dossier comme prioritaire et recherchent toutes
les solutions viables permettant de maintenir le lac en
eau, pour préserver l'ensemble de ce poumon vert que
représente l'espace naturel des Chanterelles. Nous agissons pour une
gestion plus écologique des espaces verts, pour améliorer la
biodiversité, en nous appuyant sur l'expertise d'associations
naturalistes.
1 Les
Trames vertes et bleues sont des continuités écologiques, reliant
des réservoirs de biodiversité.
2 Noue
: fossés à faibles pentes
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