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mercredi 29 octobre 2014

Des caméras de surveillance à St-Orens ? Est-bien utile ?

Le dernier conseil municipal du 30 septembre 2014 a eu à se prononcer sur le "principe" de l'installation de caméras, pour contribuer (sic) "à la sécurité routière et à la lutte contre la délinquance".

Notons tout d'abord un étrange mélange de genre entre les objectifs de sécurité routière et de lutte contre la délinquance.

Pour assurer la sécurité routière, la vidéosurveillance nous paraît inadaptée, sauf dans le cas de caméras d'identification de numéros d'immatriculation permettant de verbaliser le conducteur brûlant un feu rouge. Les efforts d'aménagements pour sécuriser la circulation des piétons et des cyclistes, le développement des zones 30 dans les quartiers, les contrôle de vitesse sont à privilégier en matière de sécurité routière.

Concernant la question de la délinquance, nous nous étonnons de l'absence de présentation aux conseillers municipaux d'un état de la délinquance à St-Orens, par type de délit, son évolution dans le temps, la localisation et l'efficacité des services de police et de gendarmerie. Cela aurait permis de savoir si la mise en place de caméras est adapté ou non.

La nouvelle équipe municipale affirme répondre à l'attente de la population (référence à un sondage d'origine non précisée). Nous avons recherché les sources possibles : en 2008, selon l'Institut Ipsos, 78 pour cent des personnes interrogées sont « très favorables » ou « favorables » au développement de la vidéosurveillance. Cela dit, si on leur donne le choix, les sondés préfèrent avoir des policiers dans la rue plutôt que des caméras. (Source : la revue Pour la Science  N°394 - )

Le seul argument motivant la décision se résume à : "les gens se sentent en insécurité, ils demandent des caméras, donc on leur en offre". Comment d’ailleurs le sait-on, puisqu’il n’y a eu ni sondage, ni référendum à St-Orens ? À Lyon où on a procédé à une réelle enquête concernant l’attente des habitants, la vidéosurveillance vient bien derrière le désir de présence policière, de propreté, de stationnement, de sécurité routière, de prévention, d’éclairage public, de lutte contre le bruit.


La question de l'efficacité de la méthode n'est pas abordée, alors qu'on a du recul sur la mise en place de tels dispositifs, et que les critiques sont nombreuses concernant le rapport coût/efficacité :
"Le rapport cinglant de la Cour des comptes, publié le 7 juillet 2011, [...] fustige « l’absence d’étude d’impact fiable » pour la très coûteuse vidéosurveillance de voie publique." dans La Gazette des Communes.


Les sénateurs s'y sont intéressés à plusieurs reprises :

Le rapport du Sénat "La vidéosurveillance : pour un nouvel encadrement juridique" de décembre 2008 affirme : « Paradoxalement, la question de l’efficacité de la vidéosurveillance qui devrait pourtant être un préalable nécessaire n’a toujours pas été tranchée. Les études disponibles semblent indiquer que la vidéo surveillance n’a qu’un faible impact sur la délinquance dans les espaces complexes et étendus ».

Un nouveau rapport sénatorial de 2013 conclut qu'aucune étude scientifique indépendante n'avait « pour l'instant apporté la démonstration de l'efficacité » de la vidéosurveillance - que ce soit en France ou à l’étranger - et appelle à l’adoption d’un moratoire relatif aux investissements portant sur ce type de dispositifs, dont le coût est jugé « particulièrement élevé ». cf http://www2.senat.fr/rap/r13-091/r13-0911.pdf

D'autres études récentes concluent de la même façon :
Vidéosurveillance en Europe: très chère et peu efficace cf http://fr.myeurop.info/2013/10/30/vid-osurveillance-en-europe-tr-s-ch-re-et-peu-efficace-12503


La vidéosurveillance réduit-elle la délinquance ? Pour la Science n° 394 août 2010


La nécessite de mise en place d'un réseau de vidéosurveillance interroge alors que le dispositif d'animateurs de rue, qui mène un travail de prévention, est dit être efficace dans une des autres délibérations soumises à l'avis du Conseil Municipal.


Nous nous interrogeons : la nouvelle équipe municipale, sur ce dossier, agit-elle par mimétisme comme la nouvelle équipe municipale de Toulouse et les autres municipalités gérées par la droite, pour des raisons qui apparaissent éminemment idéologiques ?

La nouvelle majorité municipale assure vouloir faire preuve de pragmatisme. Le pragmatisme sur ce dossier consisterait à reprendre le diagnostic réalisé dans le cadre du Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) et d'analyser l'efficacité des actions engagées (26 actions doivent être mises en œuvre sur la période 2013-2016).

Nous avons proposé que la décision de mise en place de la vidéosurveillance soit reportée et qu'un réel débat public est lieu préalablement, avec un état des lieux et un comparatif des différentes méthodes de prévention et de lutte contre la délinquancegrâce notamment aux premiers travaux menés dans le cadre du CLSPD. 

Nous avons proposé qu'il y ait une consultation publique de la population et pourquoi pas un référendum sur le choix des méthodes de prévention de la délinquance.

Dans le cadre des débats lors de l'élaboration du CLSPD, nous avions proposé de faire chaque année à la population un point objectif sur les aspects sécurité des personnes et des biens à St-Orens, sur les actions et l'efficacité de la police municipale et de la gendarmerie.

Une telle présentation aux habitants de notre commune serait un bon moyen de lutter contre les rumeurs et le sentiment d'insécurité et permettrait d'initier un réel débat démocratique sur les solutions les mieux adaptées pour assurer la tranquillité publique..

lundi 27 octobre 2014

Une mort inutile pour un barrage inutile ... à Sivens

C'est la tristesse qui nous envahit devant le gâchis humain et environnemental constaté ce week-end du 25-26 Octobre, lors du rassemblement organisé contre le projet de barrage de Sivens dans le Tarn.
Plusieurs milliers de manifestants s'étaient réunis pacifiquement dans la vallée du Tescou, pour soutenir :
- les grévistes de la faim qui demandent à dialoguer, sans succès à ce jour, avec le président "socialiste" du Conseil Général du Tarn,
- ce petit éleveur, opposé au barrage, qui se voit retirer par le CG des terres qu'il exploite au bénéfice d'un  propriétaire de 150 ha, et voit son exploitation mise en péril,
- ce naturaliste qui explique que les "mesures de compensation", suite à la destruction de la zone humide occasionnée par le barrage, sont inefficaces dans la plupart des cas (le Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel -CSRPN-  avait déjà indiqué en 2012 que ces mesures compensatoires présentent un caractère hypothétique, voire inadéquat),

et pour proposer des solutions alternatives concernant les besoins en eau des agriculteurs autrement plus intelligentes que de faire toujours plus de grands barrages pour irriguer une maïsiculture inadaptée au changement climatique en cours.
Ambiance musicale



Marche au milieu du bois broyé dans le fond de vallée

Plateforme en cours de construction pour s'opposer au chantier

Des manifestants se déguisent en arbres, pour remplacer ceux abattus

Le troupeau de moutons qui a transhumé pendant trois jours depuis Graulhet pour arriver à Sivens
Le rapport qui est rendu public ce lundi 27 octobre, établi par deux ingénieurs généraux des ponts, eaux et des forêts à la demande du ministère de l'écologie, confirme les analyses du Collectif du Testet, qui depuis plusieurs années conteste les études menées par le Conseil Général et la Compagnie d'Aménagement des Coteaux de Gascogne, organismes intrinsèquement liés, car la CACG est financée par le CG et est à la fois concepteur-constructeur-exploitant !
"Le choix d'un barrage en travers de la vallée a été privilégié sans réelle analyse des solutions alternatives possibles", une situation d'autant "plus regrettable que le coût d'investissement rapporté au volume stocké est élevé", note le rapport. Il qualifie également l'étude d'impact de "qualité très moyenne" et juge le financement du projet "fragile".

Le rapport conteste également les besoins en irrigation qui ont été surestimés. Un surdimensionnement qui s'explique par une estimation des besoins, établie "sur des données anciennes et forfaitaires".


Le rapport indique aussi que l'avancement des travaux et les engagements locaux et régionaux pris avec la profession agricole [la FNSEA qui défend bec et ongle un modèle productiviste de plus en plus inadapté] rendent difficile l'interruption du chantier ; le clientélisme du président "socialiste" du CG, qui s'est fait élire sénateur est ainsi montré du doigt.


Le Conseil général du Tarn a ainsi voulu passer en force, au mépris des procédures légales, espérant bénéficier de fonds européens si les travaux étaient terminés avant le 30 juin 2015. Financement qu’il n’aurait de toute façon pas obtenu, car ces fonds européens ne peuvent pas servir à l’augmentation de la surface d’irrigation. Restait alors la politique du fait accompli.



Nous ne pouvons qu'approuver les propos d'Attac qui affirme que la poursuite du chantier, "si elle devenait officielle, serait une prime au vice et à la violence qui s’est exercée pour imposer les travaux, coûte que coûte. Contrairement à ce que laisse encore entendre le Conseil général du Tarn, qui dit vouloir tenir compte du rapport d’experts, les modifications du projet supposeraient une nouvelle déclaration d’utilité publique.
Les travaux doivent désormais être non seulement arrêtés mais définitivement abandonnés !"
... et la zone humide restaurée ! 

Voir aussi le communiqué national d'Europe Ecologie-Les Verts
Pourquoi un mort pour un tel projet inutile ?
Les nombreuses manifestations et la présence permanente des occupants de la ZAD avait déjà donné lieu à de nombreux affrontements avec les gendarmes mobiles déployés pour que les travaux soient réalisés le plus rapidement possible et pour que l'avancement des travaux rende de fait irrémédiable la construction du barrage.En effet, rappelons que plusieurs actions en justice sont en cours mais que la justice sera rendue avec un délai tel que les opposants peuvent avoir gain de cause bien après la réalisation d'un barrage au final jugé illégal.
Nous nous interrogeons sur la présence des gendarmes mobiles sur les lieux de la manifestation, qui n'avait aucune raison d'être : en effet la nuit précédente le seul matériel présent sur le site : un algeco et un générateur dans un enclos avaient été détruits.
L'enclos contenant l'algeco et le générateur détruits (entourés en rouge)
Dans la soirée du samedi 25, des affrontements entre les jeunes, certains venus pour en découdre, et les gendarmes mobiles vont durer jusque dans la nuit avec pour acmé la mort de d'un jeune étudiant en environnement de 21 ans, Rémi Fraisse, qui venait pour la première fois sur le site et qui pourrait avoir été victime d'un tir tendu des "forces de l'ordre".
Rémi faisait partie d'une jeune génération de bénévoles investis dans les actions de l’association Nature Midi Pyrénées. Actif au groupe botanique, il participait notamment au suivi de la flore protégée en Haute-Garonne où il assurait la coordination du suivi de la Renoncule à feuille d’ophioglosse.
Jeune fille blessée à la main par un tir de flashball, samedi 25 octobre 18h10.
"Rendez nous la lumière, rendez nous la beauté"... regardez : le cimetière des arbres du Testet - Cécile Duflot
Nous demandons que toute la lumière doit être faite sur les conditions de la mort de Rémi Fraisse. Nous présentons toutes nos condoléances à la famille et aux ami⋅e⋅s de Rémi.

Plus d'infos sur la situation à Sivens : http://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/
et sur le dossier du projet de barrage : http://www.collectif-testet.org/