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mardi 2 mars 2010

Un tramway nommé désir

Après l'éviction par le président de la communauté urbaine de Stéphane Coppey, fervent partisan du développement des transports en commun, du poste de président de TISSEO, chargé de l'élaboration du Plan de Déplacement Urbain, peut-on croire que les problèmes de déplacements dans le sud-est vont être résolus par le nouveau président-maire-président du Grand Toulouse-député ? Nous en doutons, car la question primordiale est la question du financement, et pas uniquement celle des bons choix techniques.


Le Grand Toulouse (GT) a doublé sa contribution (80M€ en 2009), mais ce sont "des efforts qui permettent de sortir Tisseo du rouge, mais pas de financer les nouveaux projets", comme le dit Pierre Cohen.

En effet la dette de Tisseo augmente, pour permettre, avec cette année un investissement de 160 millions d'€, la réalisation de la ligne E du tramway (77 M€), l'achat de nouvelles rames de métro (10M€ ) et  pour l'achat de bus (10 à 15M€). On doit donc recourir à l'emprunt pour 97M€ en 2010 (c'était 101 en 2008). Cet endettement est des plus préoccupant, en hausse continue depuis 2006 pour arriver en dette cumulée à 1,347 milliard d'€ (rappelons que le ligne B a été payée à crédit ). Au rythme actuel de remboursement, il faudrait 23 ans et 3 mois pour annuler la dette !

Une des grandes inconnues porte sur la participation financière, en terme d'investissement, du Conseil Général, qui a été évincé de Tisseo, par la droite toulousaine à l'aide de l'amendement Pailler. Son président, Pierre Izard affirme que « Le conseil général ... ne peut pas se désintéresser un instant du sort des transports dans l'agglomération toulousaine. ... J'ai toujours dit qu'en matière d'investissement dans les transports, nous menions une véritable course de vitesse face au développement rapide des flux. Des progrès sont certes obtenus. Mais nous devons unir toutes les forces disponibles pour densifier encore le réseau, le rendre plus cohérent.» Mais jusque là, cela reste du domaine du discours.

Où en est le PDU ?
Le projet de Plan de Déplacement Urbain (PDU) a été finalisé en décembre 2009, après l'avis donné par les collectivités concernées (dont St-Orens). Des études environnementales doivent être menées pour étudier la conformité du projet avec la loi sur l'air, car ne l'oublions pas l'objectif n'est pas seulement le renforcement des transports en commun, mais aussi l'amélioration de la qualité de l'air ambiant. Ces études seront normalement rendues fin mai. L'enquête publique devrait ensuite se dérouler. Mais les retards, voulus ou non voulus, risquent de s'accumuler et la version finalisée du PDU risque de n'être adoptée qu'en 2011 (10 ans après le démarrage de sa révision !).


La desserte de St-Orens
L'axe tramway St-Exupéry-Saint-Orens ne semble pas envisageable avant 2020 ! Mais la mise ne place d'une ligne de bus en site propre pourrait être une solution provisoire. L'option métro à Labège reste une option et rien n'est décidé (le consensus affiché entre le GT et le Sicoval est un consensus de façade, avant les élections régionales) ; attendons le résultat des études complémentaires, concernant notamment le surcoût de ce choix par rapport au tramway.

La réalisation de la LMSE en 2012 est la seule lueur d'espoir à court terme. Elle permettra aux bus venant de St-O (ligne 78) de rejoindre la ligne B à la station Pharmacie, une partie du trajet étant en site propre. La ligne 10, qui dessert l'avenue St-Exupéry, serait prolongée jusqu'à la D16 pour permettre la connexion avec le 78. La réflexion sur le réaménagement des lignes de bus du secteur est en cours : faut-il prévoir une navette circulant dans la commune pour rejoindre les lignes de bus à forte fréquence (un bus 78 toutes les 10' en heure de pointe) ? Mais n'attendez pas une amélioration du trafic automobile sur la RD2.

Le tram à Toulouse dans les années 1900

Mais que faire ?
La tentation est grande pour les gestionnaires de Tisseo, vu les difficultés financières, de retarder autant que faire se peut les investissements qui sont pourtant nécessaires, si on ne veut pas aller vers un engorgement généralisé de l'agglomération, avec la croissance de la population.
La tentation est grande pour le président de Tisseo, également maire de Toulouse, de privilégier les intérêts de la ville centre, comme l'ont fait ses prédécesseurs (les lignes de métro s'arrêtant aux limites de la ville), pour présenter un bon bilan en 2014, à l'issue de son premier mandat.
Un Grenelle des transports toulousains devrait être organisé associant les différentes collectivités (Etat, région, département, Grand Toulouse) pour qu'au final les contributions de chacune soit clairement affichées de même que le calendrier des aménagements prévus.

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